Quelques extraits de l'oraison du Père Lazlo Kovacs, enregistrée à la Grande Cathédrale, quelques jours après la découverte d'E.V.E..
« Mes enfants, les temps troubles que nous traversons ne sont pas à la suffisance. Les messages envoyés par notre seigneur n'ont d'échos que les bruits sombres de notre ville malade. O pauvre fille, ô déplorable ville, que tu es mal gardée à présent ! Tu es comme une chienne obéissante à la voix de maîtres indignes ! Ta garnison est vile et galeuse ! Tu n'es défendue que par un manchot qui ne sait manier ni le glaive de la justice, ni le collier de l'espérance et qui pousse les fidèles à se demander : «Où est notre protecteur aujourd'hui ?» Mes bien-aimés, ne fustigez pas ainsi les dessins de Notre Seigneur, ni même ses silences sur les événements qui nous divisent… Le Seigneur mes biens-aimés est en chacun de nous, et nous prépare à la guerre qui s'annonce. Nul optimisme, je vous l'accorde, car notre ennemi est trois fois plus puissant que n'importe quel autre. Concupiscentia oculorum, concupiscentia carnis, superbia vit… Trois têtes tranchées par trois démons. Le monde est maintenant pavés de curieux, de débauchés, d'orgueilleux… En tant que votre représentant, je ne puis laisser ces impies récupérer le corps de notre nouvelle Eve.
Nos voix sonnent trop fortement pour ne pas être entendues. Si certains sont aveugles, tous ne sont point sourds. Lors du dernier conseil de ville, j'ai sollicité, en table ronde, la présence de nos dirigeants en ces lieux. Leur absence sonne comme un aveux de lâcheté. Où sont-ils présentement ? Où sont-ils ces infidèles ? Ils fuient, ils crient, ils bavent de peur ! Ils savent que bientôt viendra l'Archer ailé ! Ce moment venu, vous et vos pareils nagerez dans le triomphe et l'abondance. Oui ! oui ! Vous irez en cité céleste vous repaître d'ambroisie et de vie éternelle. Je vous le jure. Car ce jour-là, E.V.E sera rendue à son créateur. Que la semence de ces paroles tombe en vous, et vous fructifie.
Amen. »
